houler

houler

⇒HOULER, verbe intrans.
Littér., peu usité
A. — [Le suj. désigne les eaux de la mer] Être agité par la houle, présenter des ondulations produites par la houle. La lagune tranquille au départ se mit à clapoter et à houler étrangement (GAUTIER, Italia, Paris, Charpentier, 1884, [1852], p. 208).
P. méton.; [le suj. désigne un corps qui flotte, en particulier une embarcation] Être balancé selon les ondulations de la houle. Au bas [de la cabane du pêcheur] deux ou trois grosses barques houlant et criant sur leurs amarres (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 97).
B. — P. anal.
1. [P. anal. de mouvement]
[Le suj. désigne une masse végétale animée par le vent] Épis lourds, arbres qui houlent; bois qui houlent à long bruit. Sous un prunier du Japon Où le vent faisait houler Des millions de fleurs blanches (JOUVE, Trag., 1922, p. 119).
Rem. À noter un emploi adj. du part. prés. Le silence revenait, sous un faible bruit de vent parmi les pointes houlantes des arbres (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 224).
[Le suj. désigne une masse humaine (ou animale) en mouvement] :
1. ... ils regardèrent cette tiolée [nombre considérable] de nigauds qui s'ébattent dans des habits neufs, de la place de la Concorde au Cirque d'été. Il eut des écœurements à voir houler ce troupeau de bêtes.
HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 255.
[Le suj. désigne le corps humain (ou animal) ou l'une de ses parties] Le démon du rythme règne en maître (...). C'est lui qui mène le branle, fait trembloter ces épaules, houler ces croupes (SEM, Ronde de nuit, 1923, p. 28).
Rem. La docum. fournit une attest. de la constr. trans. indir. Houler de + subst. Celui-là n'a réellement rien vu qui n'a pas assisté au spectacle de deux ou trois Andalouses houlant des fesses, et en mesure aussi (DESAYMARD, Chabrier, 1934, p. 74).
[Le suj. désigne des bruits, des sons] Puis tout se transforme en un ban tonitruant, en un énorme éclat de rire qui houle et se développe à la manière d'une fugue (CLAUDEL, Sagesse, 1939, p. 1103).
En partic. [Le suj. désigne le vent considéré du point de vue du bruit qu'il produit en soufflant] Sur la forêt, on entendait houler le vent nocturne (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 17).
2. [P. anal. d'aspect; le suj. désigne un relief perçu comme étant en quelque sorte le dessin figé du mouvement ondulatoire de la houle] Du balcon de son atelier, rue Caulaincourt, un peintre voyait houler les faubourgs du nord, avec leurs usines, leurs fumées (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 186).
C. — P. métaph.
1. [Au plan subjectif; le suj. désigne un sentiment ou une sensation provoquant un mouvement d'agitation ressenti comme une sorte de houle intérieure] Aux premières affres de la nausée une grande détresse s'empare de moi (...). Et puis voici que mes flancs houlent, autant et mieux que ceux de la chatte en gésine, et puis... (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 66) :
2. ... toute une joie de vivre qui houle et saute au rythme de l'océan, ce rythme qui a suggéré à Poussin une composition non pas architecturée, à l'italienne, comme d'ordinaire, mais cadencée par une suite de ressauts, de bondissements qui retombent ensuite doucement, à la manière des courbes successives d'une guirlande.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 288.
2. [Au plan objectif; le suj. désigne une assemblée qui s'agite et gronde sous l'empire de sentiments violents, tumultueux; p. réf. aux flots agités par une forte houle] :
3. Quand les oraisons se turent, il y eut un instant d'affolement et de trouble. Exténuée d'horreur, excédée de pitié, la foule houlait; le tribunal, silencieux et énervé, se reconquit.
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 142.
REM. 1. Houlée, subst. fém. Bruit, d'intensité variable, produit par le vent. Dans la houlée furieuse des vents et le son de la pluie criblant les feuilles mortes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 261). Le vent (...) sifflait et gémissait aux couloirs des ruelles dévalantes (...) on distinguait sa houlée profonde, continue, l'immense grondement de fleuve qui charriait là-haut les nuages (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p. 145). 2. Houlement, subst. masc. Action de houler. Emploi métaph. a) [P. réf. à houler A]. Cette œuvre [de Marchenoir] positivement unique, dégageait une si nette sensation de recul, que le houlement océanique de trente générations postérieures devenait une conjecture (BLOY, Désesp., 1886, p. 127). b) [P. réf. à houler B]. Le solitaire était, malgré tout, avec Véronique, dans le houlement grégorien des Douze articles incommutables (BLOY, Désesp., 1886p. 305).
Prononc. : [ule] init. asp., (elle) houle [ul]. Étymol. et Hist. 1. 1852 « être agité par la houle, en parlant des eaux de la mer » (GAUTIER, loc. cit.); 2. 1879 « être animé par un fort mouvement d'ondulation qui rappelle la houle [en parlant d'une foule] » (HUYSMANS, Sœurs Vatard, p. 255). Dér. de houle; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 21.

houler ['ule] v. intr.
ÉTYM. 1852, Gautier; de houle.
1 Rare. Être agité par la houle (1.), en parlant de la mer, d'un bateau. Rouler, tanguer.
2 (1879, Huysmans). Onduler. || Un champ qui houle doucement.
0 (…) une espèce d'onde me parcourut les reins, et le ventre, faisant houler ma chair au passage, comme une gorge de pigeon que traverse un roucoulement (…)
J. Romains, le Dieu des corps, VII.
3 (Déb. XXe; infl. possible de rouler). Littér. Balancer (son corps).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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